Série de dessins animés pour la jeunesse conçue, écrite, produite par Nina Wolmark et réalisée par Michel Gauthier, Les Mondes engloutis (1984-1986) a marqué la sortie du dessin animé français de l’ère artisanale. L’ambition considérable du projet de Nina Wolmark s’exprime notamment dans le scénario, qui brasse et réagence la mémoire culturelle avec des distorsions telles qu’elle s’affranchit de tout projet pédagogique. Cette imbrication du réel et de l’imaginaire se retrouve sur le plan graphique aussi autant que narratif : le spectateur suit une épopée de science-fiction nourrie de mythes où sont introduits des personnages de cartoon qui lui apportent une dimension satirique.

Dans ce dispositif, la musique de Vladimir Cosma joue un rôle essentiel, notamment sous la forme d’intermèdes musicaux chantés (« La danse pirate » et « Le flashbic »), dont nous nous proposons d’étudier les fonctions narratives. D’autres fonctions existent et ne doivent certes pas être négligées, les intermèdes générant économies de production et droits dérivés par la vente de disques. Cependant, la fonction narrative des intermèdes est cruciale et articule les différents niveaux du récit. Récurrents, ils occupent des fonctions de présentation, caractérisant les personnages et rappelant des éléments de l’intrigue d’ensemble. Au niveau d’un épisode, ils permettent de structurer la narration, en servant d’effet d’annonce, en créant un suspense, en ménageant une pause, mais aussi de la rythmer en variant sa tonalité. Ainsi, les intermèdes musicaux sont un des lieux permettant d’examiner les caractéristiques narratives d’un dessin animé qui agence de façon particulièrement riche intrigue d’ensemble et autonomie des épisodes, mêlant les tons et les genres, et contribuent sans nul doute à la fidélité d’un jeune public que la complexité des intrigues aurait pu dérouter.

Hervé de La Haye
Toulouse, 8 avril 2011

Quel talent Maître Shagmir ! Applaudissements s' il vous plaît !